Pommier : L’origine du nom

Que connaît-on de l’histoire de Pommier de Beaurepaire ? De bien modestes choses qui ne permettent pas de composer une histoire chronologique en continue. Le village est attesté pour la première fois au début du XI° siècle, cité dans le Regeste dauphinois traduit du Latin par un ecclésiastique qui y a consacré sa vie : Ulysse Chevalier (1). Le Regeste couvre une période entre le V° siècle et 1349, année de la “transportation” du Dauphiné au royaume de France. Le nom du village y apparaît d’autres fois à l’occasion de donations de nobles au monastère de Saint-Pierre-de-Vienne ou à celui, beaucoup plus proche, de Bonnevaux.

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Le nom de Pommier de Beaurepaire que nous connaissons aujourd’hui date de l’ordonnance du Ministère de l’intérieur applicable à partir du 20 janvier 1910 qui ajoute la particule du chef-lieu de Canton au village qui s’appelle simplement “Pommier”.

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Une autre dénomination a existé : “Pommier-Lez-Saint-André” soulignant par là les liens de dépendance administrative avec la ville de Berlioz.

En remontant le temps, l’orthographe varie : Pomier, Pomers, enfin la dénomination latine Pomerium, Pomarium, ce qui pose la question de la signification du toponyme.

Certains noms de lieux sont explicites (Fay, fagus le hêtre ; Vie (chemin) de …, Via la voie ; Chemin des Rogations, Rogare demander, procession pour demander une belle moisson, le Rafour qui désigne en Francoprovençal un four à chaux, etc.). Mais la toponymie n’est pas toujours une science exacte ce qui conduit souvent à émettre des hypothèses. Elles sont au nombre de trois en ce qui concerne l’origine de Pommier. Attesté à partir du XI° siècle (2) sous sa forme lat. POMERIUM ou POMARIUM, s’agit-il comme le suggère l’orthographe moderne de l’arbre à pommes (3) ?

I- Le lat. POMERIUM ou POMOERIUM désigne un espace libre réservé au culte aménagé autour d’une ville romaine et délimité par une ligne, sillon sacré (4), nous renvoyant à la légende de la fondation de Rome.

Si on peut difficilement mesurer les origines de Pommier à l’aune de celles de la grande cité antique, on sait que le latin POEMERIUM lors du Moyen-Âge pouvait, par extension, désigner un lieu protégé, et fortifié sur une hauteur. C’était le cas de Pommier au X° et XI° siècles comme l’atteste la motte féodale, site de la première fortification (en bois) du lieu, encore visible dans le village.

II- POMOERIUM a en latin un sens figuré : borne, limite. Pomers, situé en Dauphiné, se retrouvait face à une enclave savoyarde, dernier rempart avant les forteresses savoisiennes de Faramans et de la Côte-Saint-André. Le nom du village suggère-t-il que Pommier était alors situé en sentinelle sur la frontière entre deux principautés rivales ?

III- Le lat. POMA, “fruit” (on retrouve cette acceptation de “fruit” dans le Français moderne avec pomme-de-terre, pomme-de-pin, pomme-d’amour.) et son dérivé POMARIUM “verger” emportent l’adhésion des linguistes (5).

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Le lieu aurait été vu comme un verger alors que l’activité vinicole est attestée jusqu’au deuxième tiers du XX° siècle, les vignes recouvrant le coteau entre Pommier et Revel.

Le recensement de toponymes identiques en France semble confirmer cette dernière hypothèse par leurs caractéristiques agricoles.
Dans le Rhône le village de Pommier est entouré par 320 ha de vignes, dans l’Ain également production de vin, dans le Gard un Pommier pays vinicole, comme à Pomoy en Haute-Saône alors que “les Pommiers” dans l’Indre et le Pas-de-Calais se trouvent environnés d’importants vergers.
(1) Le Regeste Dauphinois est une compilation de textes juridiques, procès, donations, redevances de taxes, etc…
(2) Chevalier Ulysse, traducteur, Regeste Dauphinois, version électronique BNF
(3) En Latin la pomme se traduit par MALA
(4) Alain Rey, Dictionnaire étymologique de la langue française
(5) Bouvier Jean-Claude, Noms de lieux du Dauphiné