Légendes rurales

L’origine de la Chapelle de Tournin
La légende raconte que la construction de l’église remonte à Charlemagne, par un Comte de Tournin sur le territoire de Pommier. Le seigneur aurait miraculeusement échappé à une attaque de loups dans la plaine du Fay, près de l’étang actuel. Pour remercier la Vierge, la comtesse aurait fait édifier une chapelle près de sa demeure. (cf. Rubrique Ouvrages)
La Dame de Lionne et le chevalier de Buffevent (19)
Le chevalier de Buffevent, fils du Comte de Revel retournant en son château de Barbarin depuis celui de Pommier ou il venait rencontrer sa Belle, la Dame de Lionne en l’absence de son mari, aurait été dévorée par les loups ainsi que son cheval.

Au petit matin d’un jour d’hiver glacé, alors qu’il quitte sa dame, sa monture qu’il avait laissé à deux lieues dans la forêt se fait attaquer par les loups. Il ne reste plus que les os du pauvre animal lorsque le chevalier le rejoint. Craignant que la bride et la salle qui portent ses armes et son chiffre dévoilent son secret, il les ramasse et les emporte ; mais a-t-il fait quelques pas que les loups se dressent contre lui et le dévorent.

Au lever du jour, des bûcherons découvrent l’affreux carnage où il ne restait plus que les ossements brisés, méconnaissables. Et comme on trouva un harnais à côté de ceux de l’homme, on les prit pour les restes de l’animal et ceux de ce dernier pour les restes de l’homme. Aucun soupçon sur le vrai motif de son voyage s’éleva. Une sépulture provisoire fut donné à Pommier et on apprêta les os du cheval par effet de méprise pour les funérailles. La comtesse de Lionne était morte de douleur et les restes du cheval furent enterrés baignés par les larmes d’une amante qui avait conservé un morceau d’os qu’elle avait fait enchâsser dans des pierres précieuses qu’elle portait toujours sur elle.

Le tombeau définitif fut achevé dans l’église de Tourdan quelques mois plus tard. Mais lors de l’exhumation, des médecins présents reconnurent les os d’un cheval. La Dame de Lionne crut apprendre la mort de son amant une deuxième fois.

Son mari décédé, elle embrassa la vie monastique mais garda le médaillon et devint Abbesse du couvent transféré à la Côte-Saint-André où elle mourut en odeur de sainteté. Ses religieuses, en trouvant sur elle le médaillon crurent qu’il contenait les relique d’un saint. Elles firent ériger un reliquaire pour Saint-Sans-Nom crédité de nombreux miracles.

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Les attaques de loups et Loups garous  La toponymie locale renvoie quelques fois au loup : Gambaloup, Gabot du loup (mare, trou bourbeux), rue des loups, le Louvier, la Trêve du loup (croisement de 3 voies, carrefour) etc, la prudence s’impose quant aux conclusions. Selon les registres des curés de Revel, il y aurait eu 17 attaques de bêtes sauvages entre 1670 et 1752 concernant principalement des enfants (20) ; dix filles et sept garçons. Mais en dehors d’une attaque par un loup enragé, pour les autres agressions, le responsable n’est pas identifié. Les corps des victimes sont en très mauvais état ; d’autres fois, seuls certains membres épars sont retrouvés. Ce qui ne va pas manquer d’alimenter des rumeurs extraordinaires.

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Des verreries s’implantent dans la forêt de Bonnevaux au XV° siècle. Au début du XII° siècle, les moines de l’abbaye du même nom, fille de Cîtaux, ont probablement été eux aussi verriers, les ouvriers se déplaçant au gré des coupes de bois.

Les liberous, (loups garous en patois), sont les sbires des seigneurs verriers de Bonnevaux et si le curé note que les “loups carnassiers” ont dévoré trois enfants à Primarette, on croit que ce sont les loups garous à qui le curé donne permission de le faire pour effrayer la population.

Cependant, une autre croyance prétend que “les nobles envoient les libérou pour racler la graisse des chrétiens pour, le croyait-on, fabriquer du verre à Chambaran. (21)”(Fin XIX°siècle)

A Pommier de Beaurepaire, en 1980, un homme de 57 ans raconte à un historien-enquêteur : “Autrefois, on mettait des petites fenêtres aux maisons pour empêcher les loups garous d’entrer et d’enlever les enfants” (22). Et sur l’ancienne verrerie du pays : “Mes parents m’ont dit que ça avait été baptisé verrerie parce que les nobles faisaient du verre avec la graisse des enfants. La verrerie de Char qu’ils appelaient.. le Comte de la Verreries s’était retiré du côté de Dijon. Ça date de 1800. (23)”

On retrouve dans ces croyances un fort sentiment anti-seigneurial et anti-clérical :” Les libérous étaient des bêtes habillées d’une peau de veau et que le seigneur envoyait pour faire le mal. On ne pouvait que les tuer d’une balle bénite. Mais dès qu’on s’adressait au curé pour bénir la balle, celui-ci nous dénonçait au seigneur”. Propos recueillis en 1962.

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Légende de la croisée Giraud
On raconte qu’à cette croisée, un dénommé Giraud de Revel, qui courtisait la femme d’un berger aurait été assassiné par ce dernier. A l’endroit où la tête de Giraud aurait été écrasée par le coup de gourdin, sa forme est imprimée en ce creux, et le sol reste nettoyé autour d’un gros galet censé représenter le crâne de la victime. Encore aujourd’hui, tout passant ayant connaissance de la légende, remet le galet dans le creux s’il en est enlevé.
Légende qui a un fond de vérité puisque Charles Giraud, âgé d’une quarantaine d’années, cultivateur habitant à Revel, a été assassiné avec une grande violence à la croisée du chemin allant de Verne à la Tour du 8 mai 1799. L’assassin ne sera jamais retrouvé.
(19) Racontée par Vital Berthin, opus cité p.3
(20) Lionel Poipy, Bulletin Association Renaissance de Revel
(21) Charles Joisten, Êtres fantastiques. Patrimoine narratif de l’Isère, Ed. Musée Dauphinois, 2005
(22) Idem
(23) Idem